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Loisirs

Le babouin, cet animal en B qui fascine scientifiques et curieux

Babouin assis sur une roche en savane en plein soleil

Les scribes de l’Égypte ancienne n’auraient rien pu noter sur leurs papyrus sans la vigilance d’une divinité maîtresse du temps. Ce dieu veillait sur chaque mot, chaque date, garant du bon déroulement des rituels et de l’ordre cosmique.

La naissance de ce dieu marque une transformation profonde dans la façon de penser le langage, le temps qui s’écoule, la construction du savoir. Sa silhouette, tantôt gravée dans la pierre des temples, tantôt invoquée lors des procès, traverse toutes les strates de la société égyptienne.

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Qui est Thot ? Portrait d’un dieu majeur de l’Égypte ancienne

Dans la mythologie égyptienne, Thot intrigue pour sa double figure : parfois ibis, parfois babouin. Sagesse, mesure du temps, écriture et calcul lui sont attribués. Dans les sanctuaires, le babouin hamadryas, Papio hamadryas, s’impose comme l’intercesseur entre dieux et humains. Le choix d’un animal doté d’une organisation sociale sophistiquée n’a rien d’hasardeux : les Égyptiens savaient déjà que le babouin fonctionne selon une hiérarchie subtile et une capacité d’adaptation peu commune.

Le babouin ne débarque pas de nulle part sur les bords du Nil. Cinq espèces sillonnent le continent africain et l’Arabie, mais le hamadryas, réputé pour ses groupes soudés et son sens du collectif, s’est imposé dans l’imaginaire lié à Thot. Son territoire s’étend de Djibouti à l’Éthiopie, jusqu’aux hauteurs du Yémen. Au sein de chaque groupe, chacun tient son rôle : cette cohésion, décryptée par les prêtres, nourrit la figure de Thot, gardien de l’équilibre et arbitre dans l’au-delà.

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Thot symbolise la vigilance absolue : il veille sur le temps, archive les paroles, tranche les affaires dans l’autre monde. Toujours dans l’attitude du babouin assis, observant l’aube, il figure le passage de l’obscurité à la lumière nouvelle. Les anciens Égyptiens, en observant les comportements du monde animal, ont puisé dans leur quotidien l’inspiration pour façonner leurs représentations du sacré, misant sur l’intelligence et la vivacité de certaines espèces.

Pourquoi Thot est-il associé à la sagesse et à l’écriture ?

Si le babouin fascine encore les éthologistes, ce n’est pas sans raison. Chez Papio hamadryas, tout comme chez d’autres grands singes, l’intelligence dépasse de loin la simple copie : transmission de savoirs, échanges d’expériences, anticipation. Une mémoire partagée, transmise génération après génération, fait écho au principe même de l’écriture et de la culture humaine.

Dans des centres d’observation spécialisés, les expériences alimentent notre compréhension : utilisation d’écrans tactiles, puzzles à résoudre, flexibilité d’apprentissage. Les babouins manipulent des symboles, élaborent des stratégies, décryptent les intentions des autres. On est loin des cris anodins : la communication intègre gestes, échanges visuels, et mêmes bâillements partagés. Ces signaux sont chargés d’informations sociales et émotionnelles, et structurent la vie du groupe.

Dans cette capacité à enrichir et transmettre du savoir, transparaît le lien ancien entre Thot et les babouins. Les Égyptiens percevaient déjà la richesse de cette vie mentale, source de connaissances en perpétuel mouvement. Ainsi, la figure du babouin s’est ancrée dans l’iconographie de Thot, comme témoignage d’une intelligence en évolution constante.

Les pouvoirs de la parole : le rôle de Thot dans les rituels et la magie

Durant les cérémonies, le babouin s’illustre comme le gardien de la parole et porte-voix de Thot. Ces primates développent une communication qu’aucun hasard ne dicte : cris variés, gestes minutieux, positions codées. Le bâillement collectif, notamment observé chez le babouin gélada, n’est pas un simple signe d’ennui ou de repos. Il circule dans la troupe, influencé par la familiarité et la cohésion du groupe, révélant qui est détendu, qui ressent la tension, qui renforce les alliances.

Ce sens du détail résonne étrangement avec les usages rituels où la parole produit de l’effet. Thot, en tant que maître des mots, orchestre les formules magiques. Le babouin, par la diversité de ses signaux, incarne ce pouvoir vivant : il devient la manifestion même de la parole qui transforme le réel. Les prêtres cherchaient à amplifier leur efficacité par l’observation précise et parfois l’imitation des comportements du babouin. Dans la tradition égyptienne, parler, c’était agir.

La variété des échanges chez les babouins fonde tout l’équilibre du groupe : alliances, règlements de tension, alertes. Les chercheurs actuels s’efforcent de retracer la portée de chaque vocalisation, de chaque signal, du bâillement sonore au regard échangé. C’est tout un art d’interactions qui, pour les Égyptiens, incarnait la parole active, capable de toucher, d’organiser et de transformer la communauté dès l’origine.

Groupe de babouins interagissant dans la forêt verte

Comprendre l’héritage de Thot dans la culture et la pensée égyptiennes

En Égypte, le babouin ne s’est jamais contenté d’un statut d’animal vénéré : il participe à la transmission des savoirs et façonne la mémoire collective. Thot, sous les traits du babouin hamadryas, cristallise une culture cumulative, où chaque génération reçoit et enrichit l’héritage reçu. Cette idée traverse papyrus et fresques, témoignant de liens inextricables entre animaux et humains, nature et pensée.

Des travaux menés dans des laboratoires et stations de primatologie confirment aujourd’hui la complexité sociale de ces primates, leur capacité à résoudre des problèmes ensemble, à bâtir une plasticité mentale étonnante. Les babouins apprennent, trouvent des solutions inédites, transmettent leurs découvertes. Tout un mode de vie qui rappelle les attributs prêtés à Thot, figure de savoir vivant et d’écriture perpétuelle.

Voici, pour clarifier, les notions majeures mises en évidence par ces recherches sur les babouins :

  • Culture cumulative : pratiques collectives transmises puis enrichies au fil du temps.
  • Transmission culturelle : gestes et savoirs circulent, soutenant l’organisation du groupe.

Un héritage qui questionne encore la frontière entre humain et animal. Le babouin, avec son histoire millénaire, continue d’inspirer les savants, de secouer nos certitudes sur la place du vivant dans la culture. Qui sait, peut-être que la vraie magie se niche justement là : dans cette capacité sans cesse renouvelée à transmettre, à revisiter, à faire circuler l’intelligence d’une génération à l’autre.

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